Les Saveurs Mélangées

C'est incroyable cette faculté qu'ont les hommes à penser que parce qu'ils travaillent, ils ont la permission d'être d'une mauvaise humeur permanente. Le mien ne déroge pas à la règle : il est rentré hier soir avec la tronche des mauvais jours.

Moi, jusqu'au moment ou il a passé le seuil de la porte, tout allait plutôt bien. Remarquant que ce soir c'était soupe à la grimace, je l'ai ignoré. Pas content le monsieur, il décide de chercher la bagarre. Il cherche, il cherche et fatalement, en se connectant sur internet, il trouve ! Mon erreur terrible, le drame abominable, le crime impardonnable! Devinez un peu... Non je n'ai pas profité de son absence pour faire des rencontre sur Meetic... Non, je n'ai pas passé de commande extravagantes avec sa carte bleue... Non, non, non, rien de tout ça. J'ai oublié de l'inscrire au tournois de poker ! Et là, il sors la phrase qui tue : "t'es vraiment égoïste, tu me gâche mon seul plaisir dans la vie".

Pauvre homme! Vous y croyez, vous ? Vivre avec quelqu'un qui ramassent vos chaussettes et caleçons sales chaque jour, qui vous prépare le café le soir pour qu'il n'y ai plus qu'à le réchauffer le matin, qui mitonne la gamelle pour le chantier. J'aurais pu me contenter d'un classique "va te faire foutre, gros con", mais ça n'aurait mené à rien... Et là me viens l'éclair de génie : la gamelle ! L'arsenique? Non... Pire que ça ! La mort aux rats... Noooon ! Plus violent ! Bon, je vous le donne en mille : les carottes !

Quand Doudou, lassé de ronchonner s'endort sur le canapé, je me met au boulot :

- quelques belles carottes

- une pomme

- une orange

- et, le summum du vice, une endive !

Je rape mes carottes et mes pommes, émince les endives, je sale, je poivre, et j'arrose généreusement le tout du jus de l'orange.

Je garde la moitié car moi, je sais ce qui est bon, et le reste vas tout droit dans son tupperware spécial chantier.

Ce matin, Doudou de meilleure humeur me réveille gentiment : "Mon coeur ?"... Tiens? C'est plus sale égoïste? "Tu me prépare mon panier s'il te plaît pendant que je prends ma douche, je vais être à la bourre"... Ben tiens... Toute mielleuse je réponds "Bien sur mon chéri, va te préparer tranquille".

Consienciesement, je met au fond du sac ma jolie salade, une boite de sardine, 2 bouteilles d'eau (la petite bière qu'il avait gardé pour le chantier, il l'aura ce soir!) et une demi baguette parce que quand même je suis pas si méchante...

A midi, il m'apelle. Il tourne, il vire... Je sens qu'il veut me dire quelque chose. Il fini par lâcher le morceau

- Mais, heuuu, pourquoi tu m'a mis "ça" à manger, y'avait rien d'autre?

- Si, si, mon chéri, y'avait autre chose...

- Ben alors? Pourquoi tu m'a mis "ça"

- C'est très simple mon chéri : le poisson ça rends intelligent et les carottes ça rend aimable. Vu ton comportement, tu ferais mieux de tout avaler.

Le vengeance est paraît-il un plat qui se mange froid. Mon mec à moi, il risque d'en manger à chaque repas...

Mon copain Reggio, c'est un morphalou. Il mange tout, il mange beaucoup, il mange doucement en jacassant comme une pie et il est tout mince, on se demande ou il met tout ça et là,  on se rappelle qu'il n'y a pas de justice. Chaque fois qu'il nous rends visite, on sait qu'il restera dîner. 2 raisons à ça : premièrement, mon copain Reggio, c'est un gros gourmand dont le seul talent culinaire se limite à rajouter du basilic dans une sauce tomate Buitoni, deuxièmement, parce qu'on rigole drôlement lui, doudou et moi, du coup on voit pas trop le temps passer. Il a un autre trait de caractère bien à lui, c'est un sacré flatteur et comme il me dit chaque fois qu'il n'y à que mes pâtes qu'il mange sans gruyère ni parmesan tellement qu'elles sont bonnes, je lui pardonne à peu près tout et je le nourri volontiers. Et pis, il à bon coeur, il viens jamais les mains vides. Mon copain Reggio, il a presque son rond de serviette avec son nom et sa brosse à dent à la maison.

Il est arrivé l'autre jour, tout sourire, surprise ! Coucou ! C'est moi qu'arrive ! Il était pas trop inspiré ce jour là, il nous avait ramené des bières et son cousin bizarre qui crois qu'il est un Jedi et qui vit dans un monde parallèle bien plus fort que le notre. Et là, je me suis dit : "Chouette ! Je suis contente de voir mon pote!" et le quart de seconde suivant je réalisait : "MERDE ! Qu'est ce qu'on va bouffer !". Bon , J'ai de la salade, j'ai un poulet c'est déjà ça mais que faire avec? Des pâtes ? Oups ! On à fini le dernier paquet à midi... Du riz? Ben a plus ça non plus...  Euh... Des frites ! Encore perdu... Fini les patates aussi ! En revanche, j'ai trois belles aubergines du jardin que mon voisin m'a donné. Je les avais presque oubliées au fond du bac à légumes car en les voyant, Doudou avait eu cette grande réflexion pleine de sens "qu'esse tu vas faire de ça ? Moi, j'aime pas les aubergines ". Je le soupçonne d'avoir tiré cette réplique très inspirée d'un épisode des schtroumpfs qu'il avait vu le matin.

Après un rapide inventaire je trouve

- 2 oeufs,

-la moitié d'un paquet de parmesan

- du pain dur que j'avais prévu de donner aux poules de ma pote Marie qui me donne toujours des oeufs frais. Tant pis pour les poulettes, elles auront les épluchures d'aubergines.

Je réduis mon pain en chapelure grâce à mon meilleur ami de la cuisine, mon pote nono le robot (vous avez vu? J'en a plein des copains moi! et pas des virtuels!). Je mélange le pain et le parmesan.

Je bât mes oeufs, je les sale, les poivre.

J'épluche mes légumes et les coupe en tranches régulières, pas trop fines.

Je trempe les rondelles dans les oeufs battus puis les roule dans la chapelure et je cuit le tout dans une grande poêle chaude huilée.

Succès intégral ! Mon accompagnement fait fureur, bien plus qu'un simple plat de frite ! Pluie de compliments ! Même Doudou se régale !

Seul souci : j'ai utilisé mes 2 derniers oeuf, mon reste de parmesan, mes derniers légumes et le poulet avec lequel je comptais faire au moins 2 repas!  Les estomacs sont remplis mais le frigo crie famine ! Moralité : tout flatteur vit au dépend de celui qui l'écoute, cette leçon vaut bien un fromage sans doute !

Petit conseil : relisez les fables de La Fontaine et prenez en bonne note, elles sont toujours d'actualité !

POUR LA PETITE HISTOIRE

Il fait beau, on a envie de profiter de notre petit morceau de terrasse. Vous savez, celui qu'on s'est toujours jurer de fleurir et ou finalement on trouve pour seule décoration une pauvre jardinière de géraniums en train de mourir de soif...

Cette même terrasse avec ses chaises dépareillées, vieilles et si bancales qu'on à l'impression de jouer un numéro d'équilibriste chaque fois que l'on s'assied dessus.

Ce même endroit qu'on avait imaginé merveilleux et qui nous avait poussé à choisir ce logement là plutôt qu'un autre parce qu'on savait exactement ce qu'on allait en faire... Ben finalement, on à rien fichu mais bon, on se dit "quand même c'est dommage", "On a un petit espace sympa et on en profite pas", etc, etc, etc...

C'est alors qu'avec les premiers rayons de soleil vous viens l'Idée avec un grand I : on va faire un barbec' et inviter tous nos potes, ça va être génial !

On lance les invitations (22), on obtiens des réponse (12 oui, 6 non, 4 ne se prononcent pas). Bref, on compte 14 quand même et on fait les courses (à la boucherie pasque on veut de la viande bonne pour nos copains gentils), on prévois 4 merguez par personne, puis 4 chipos et puis des pilons de poulet et des bifteck pour les viandards et 14 baguettes et pis des chips, et des bières et de quoi faire une belle salade géante. On dépense l'équivalent d'une semaine de salaire en 20 minutes.

Le jour J, on se retrouve à 8. On se dit "Tant pis", on congèle la moitié de la viande et  du pain.

A la fin de la soirée il reste la salade que personne n'a osé touché a par Annabelle qui est perpétuellement au regime et qui bouffe autant qu'un moineau malade. Vous essayez d'en refiler à tout le monde mais apparemment, ils on peur de se transformer en lapins anorexiques s'ils croquent une feuille de laitue. Bon, OK, Doudou mangera de la salade pendant 8 jours... Le pain ? Ha oui, ça, ils en veulent bien un petit bout pour demain. Le temps de dire ouf, il ne reste pas le moindre quignon. Et la viande ? Et bien vous arrivez à en donner un petit steak par ci, 2 chipos par là... Bon c'est toujours ça mais il reste quand même de la barback et pas envie d'en manger encore vue qu'on s'est gavé comme un oie pour essayer d'écouler le stock.

Dans c'est cas la j'ai trouvé un bon moyen d'utiliser ces restes : les crêpes salées !

LA RECETTE

Pâte à crêpes : rien de bien compliqué, 3 oeufs,  250g farine, 1/2 litre de lait,  50g beurre fondu, un peu de biere

Garniture : restes de viande, oignon, persil, sel poivre.

Sauce :  2 tomates,  2 gousse d'ail, menthe ou basilic, huile d'olive, vinaigre balsamique, sucre

1/ on prépare la pâte à crêpes : On bât tous les ingrédients sauf le lait qu'on rajoute au fur et à mesure jusqu'à exterminer tous les grumeaux, au pire, on passe au chinois pour éliminer les récalcitrants, on laisse reposer.

2/ on mixe la viande restante. Dans une sauteuse, on fait fondre un demi bouillon cube dans un peu d'eau à ébullition. On y rajoute l'oignon coupé petit, l'ail, le persil, du poivre, du sel et eventuellement un peu de harissa, ou de curry (moi, c'est ce que j'y met mais la recette est à adapter selon les préférences de chacun). On met la viande mixée dans ce bouillon et on laisse revenir à petit feu jusqu'à ce que la viande ai tout bu.

3/ On mixe les tomates, on y ajoute l'ail écrasé, et la menthe ou la basilic (ou les 2 pourquoi pas ?) on chauffe un poêle avec un peu d'huile d'olive. On y verse la préparation de tomates qu'on arrose d'un filet de vinaigre balsamique, un petit sucre pour la douceur, sel, poivre et on laisse cuire gentiment à feu doux jusqu'à l'obtention d'un petite sauce sympa (je ne peut pas dire le temps de cuisson, il suffit de goûter pour savoir quand l'arrêter).

4/ on cuit les crêpes dans une grande poêle. Au milieu de

chaque crêpe on met une petite épaisseur de viande. On rabat chaque côté vers le milieu pour la fermer, on la tourne délicatement tenir le pliage et on dispose sur une plaque. Un peu de sauce tomate sur chaque crêpe et voilà. Plus qu'à passer quelques minutes au four pour que tous les aliments soient chauds au moment de servir. On déguste avec la foutue salade dont personne n'a voulu (nous, on à rien contre les lapins!)

Certes, la préparation est un peu longue et on salie pas mal de vaisselle mais le résultat en vaut vraiment la peine.

Petite astuce : la prochaine fois, envisager plutôt à se faire inviter

Hier soir, mon Doudou est rentré fatigué et affamé du chantier. Il à grogné en s'affalant de le canapé "Tu m'sers  un verre ?" . Et oui, on à toutes connu ça : Doudou au ventre creux = Doudou grincheux !

Oui, bien sur mon chéri, il nous reste un petit rosé, sympa et bien frais.J'amène le breuvage, nouveau grognement : "Y'a rien à grignoter avec?". Euuuh... C'est quand la dernière fois qu'on à fait les courses déjà??

J'ouvre le frigo prenant garde à ne pas me faire aspirer par l'immense vide à l'interieur et en cherchant un peu j'y trouve :

- 2 belles tomates

- de l'ail

- de la crème

- du pain de mie

Une idée me viens, je sors cueillir quelques feuilles de menthe dans le jardin.

Je sors mon copain Nono, mon robot que ma maman m'a offert pour mon anniversaire et j'y met les tomates coupées grossièrement en 4, la menthe ciselée, un filet d'huile d'olive, une peu de crème, l'ail (moi, j'aime beaucoup, donc j'en met beaucoup,mais bon, à adapter au goût de chacun), du sel, du poivre, et une bonne dose de paprika (ça aussi j'aime beaucoup donc...). Je mixe le tout quelques secondes de façon à ce que les tomates deviennent de minuscules morceaux mais pas de la purée.

Je retire la croûte du pain de mie et le coupe en 4 de façon a obtenir des minis toasts et je dépose une cuillère à café de ma mixture sur chacun. Je sers le tout dans une jolie assiette.

Doudou, m'observe du coin de l'oeuil. Je sais qu'il se dit "des tomates? Pfff... Ça rempli pas un estomac ça!". Il le pense si fort que je l'entends et avant même qu'il ne puisse ouvrir la bouche, je lui dit : "ça te fera patienter pendant que je prépare le repas". Il s'abstient de tout commentaire et enfourne une première bouchée. Là, le sourire reviens "c'est vachement bon!". Le temps que je prépare le dîner, il à tout engloutit.

Ces petits amuses-bouche sont frais, la texture est agréable et remplissent leur rôle. A savoir : grignoter en buvant un verre sans pour autant vous couper l'appetit.

A tous les gourmands de fraîcheur, n'hesitez pas à tester !